Francisca Dauzet - Le secret d'Oedipe (2024)
Enfant, je regardais le monde autour de moi comme une énigme. Je me demandais sans cesse pourquoi je percevais toutes ces dissonances entre les discours éducatifs et ce qui se jouait réellement dans le quotidien. Pourquoi je souffrais dans ma propre famille d’injonctions que je voyais déjà comme contradictoires et sources de souffrance ? Pourquoi Œdipe retenait mon attention si fortement lors de mon adolescence ? Je ne savais pas à cette période-là, que je détestais, que je mettais les pas dans ceux d’Œdipe. Je ne savais pas que je faisais à ma manière, peut-être plus en recherche fondamentale et non pas seulement personnelle, ce que chacun de nous faisons : comprendre ce qui préside à la capacité de prendre ou pas son destin entre ses mains pour partie au moins. Le récit se situe à notre époque. Il prend pour levier l’adolescence pour questionner la société sur ce qu’elle transmet à ses jeunes dans la compréhension de leur construction psychique et anthropologique. Le livre vient, à travers les étapes et les rites de l’humanisation, interroger ce que nous faisons qui entravent le devenir adulte des jeunes dont nous avons la charge et proposer d’autres représentations et positionnements. En m’appuyant sur le parcours d’Œdipe, je refais ici une relecture du mythe et du message universel délivre là. Ce livre est comme un rite initiatique, une épreuve qui propose de lever le voile convenu qui recouvre l’adolescence comme pivot de la construction de soi. Je souhaite ouvrir quelques volets encore restés fermés sur le sujet et faire découvrir des paysages à explorer auquel cet espace-temps nous convoque. Revisiter les événements que tout un chacun a été amené à traverser, dessiner de nouveaux contours à la construction de soi, réajuster le rôle et le sens de cette période de l’existence, pour refuser d’emblée de sacrifier l’adolescence sur l’autel des malentendus et en faire un lieu de rendez-vous bientraitant aux perspectives insoupçonnées. Renoncer donc à la fatalité des conflits stériles pour rompre et en finir avec le mythe mal entendu de la crise d’adolescence ! Je commence par poser le fait qu’il faut tout un village pour faire un enfant, tout un chemin pour devenir un humain. Se lever, se verticaliser, se mettre debout supposent une construction qui s’éprouve dans le fait de grandir au sein d’un groupe d’humains. Car on ne nait pas humain, on le devient. Pour cela, il y a un des passages initiatiques, des épreuves individuelles et collectives qui ouvrent la porte à la connaissance de soi, du « connais-toi toi-même » de Socrate. Et l’aventure de cette nécessaire et indispensable humanisation, à titre individuel et collectif, commence dès les tout-débuts de la vie. S’il faut tout un village pour élever un enfant et lui donner des racines et des ailes, des parents seuls, non-initiés à transmettre ce que signifie de s’humaniser, à qui une société demande d’élever un enfant, peuvent-ils réellement mener à bien cette mission sans se brûler les ailes ? C’est ce que notre monde occidental exige des parents depuis l’après seconde guerre mondiale ; ce qui constitue un fait inédit dans l’histoire des sociétés sans que jamais cela ne soit spécifié comme tel. A travers une réflexion à la fois sur ce que signifie élever un enfant, ce livre veut s’adresser à tout type de parent que nous pouvons vivre en nous : le parent que nous avons eu, le parent que nous sommes, le parent que nous serons, le parent que nous aurions aimé avoir eu, le parent que nous n’avons pas su être, le parent que nous aurions aimé avoir été, le parent que nous ne serons pas, le parent que nous jouons à être dans la vie professionnelle, le parent qui nous hante comme autorité, le parent que nous aimons par-dessus tout ou malgré tout…
Auteur(s):
Francisca Dauzet
Titre: Le secret d'Oedipe
Pages: 195
Langue: Français
Format: Epub